Transition énergetique, toutes les nouvelles ne sont pas mauvaises (?)

02 Mar 2023

Le (?) du titre traduit une triste réalité, mais réalité positive quand même : la guerre en Ukraine aura fait plus pour la transition énergétique que les COP et nos gouvernements.

Les grandes avancées, scientifiques, sociales, politiques se font sous la pression des bouleversements, des accidents, des ruptures de l’histoire. En l’occurrence la guerre en Ukraine aura fait basculer les énergies carbone vers les renouvelables plus vite et plus sûrement que nous ne le pensions.

A dire vrai, on craignait l’inverse avec la réouverture des centrales à charbon pour compenser nos approvisionnements en gaz russe. L’augmentation de 35% du recours au charbon entre mars 2021 et mars 2022 n’a pas continué et la production d’électricité à partir de ce combustible a été inférieure dans les mois qui ont suivi à celle de l’année précédente.

Selon le rapport du think tank EMBER publié ce 31 janvier l’éolien et le solaire ont produit conjointement, en 2022, plus d’électricité (22%) en union européenne que le charbon (16%) et, même, que le gaz ( 20%).

Il semble que les pays européens soient effectivement déterminés à éliminer progressivement le charbon et le gaz !

Ceci dit, le bilan sur l’année 2022 reste négatif. La production d’électricité à base de charbon a augmenté de 7%, entraînant une hausse des émissions de gaz à effet de serre de près de 4%. On craignait bien pire sous l’effet de la guerre – ce qui n’est toutefois pas une satisfaction.

Deux phénomènes conjoncturels ont eu des conséquences défavorables : l’exceptionnelle sécheresse de l’été 2022 – dite la pire depuis 500 ans – a drastiquement réduit la production d’hydroélectricité ( env. -20% par rapport à 2021) et , d’autre part, l’arrêt d’un grand nombre de réacteurs nucléaires en France ainsi que la fermeture de progressive des dernières centrales allemandes ont fait chuter la production nucléaire de 16% par rapport à 2021. La France, par son déficit de production et son besoin d’importation, a notablement contribué à l’augmentation de la production d’électricité a base de charbon en Espagne et en Allemagne.

L’éolien et le solaire ont largement compensé le besoin en électricité avec des hausses de 24% pour le solaire qui représente 7% de l’électricité européenne et de 15% pour l’éolien.

Complétons le tableau en observant la nette baisse de la consommation depuis octobre 2022 : douceur des températures, baisse des besoins industriels et – peut-on vraiment y croire ? – modération de la consommation des ménages par un changement de comportements.

On peut espérer une poursuite – voire une accélération – de cette amélioration en 2023 : reprise des productions hydraulique et nucléaires, déploiement de l’éolien et du solaire, confirmation de comportements vertueux (?) et climat tempéré. Dans un rapport de décembre 2022, l’Agence Internationale de l’Énergie ( AIE) jugeait que la crise mondiale avait «  déclenché une dynamique sans précédent en faveur des renouvelables »

Entre espoir et réalité beaucoup de choses peuvent se passer…Gardons à l’esprit que la production d’électricité en UE reste d’origine très fossile , à hauteur d’environ 40% et nucléaire à 22% – le reste des autres sources cumulées ne représentant que 38%.

G.SUCHET 23/02/2023